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BIO

Pauline Bessières est « sculpteur » c’est à dire qu’à tout moment elle se confronte à la matière. Fondée sur l’observation d’éléments naturels puissants, sa pratique s’exprime la fois par un mélange de méthode et d’expérimentation matérielle. Son oeuvre se déploie en une série d'objets et de mouvements récurrents, mêlant technologie et procédés empiriques, et dont leurs mises en scène nous permettent de nous immerger dans les éléments ou de nous en extraire. En intégrant une approche scénographie et chorégraphique, des systèmes d’amplification, de boucles et de mise en abîme, son travail offre une expérience tangible, dramatique et vertigineuse. Il existe dans sa temporalité spécifique, et opère dans les intervalles de la sculpture, de l’installation, et de la performance. L’artiste s’appuie sur des rencontres matérielles à des situations actuelles ou à l’histoire des lieux qui abritent son œuvre, en tentant de nous rapprocher de l’intangible. Elle donne forme à la question « que disons-nous lorsque nous nous proposons de faire corps ? »

TEXTES

Jusqu'ici, chez Pauline Bessières, tout était furieux et une sourde violence dramatique était perceptible dans ses installations-performance et ses théâtres d'objets. Peu à peu, sa vision et sa présence au monde s'apaisent. Dans ses dernières productions pour Mana-island, elle nous permet de cheminer dans son imaginaire et les représentations des phénomènes naturels qu'elle nous propose font place à nos ressentis individuels. Ainsi est-il difficile d'en proposer une lecture qui permette à chacun de s'y retrouver. Pour ces derniers dispositifs, sculptures et sculpture-installation tout est rond, cyclique, sphérique et tout tourne sur soi-même. Les astres, le monde, l'œil, le nôtre et celui du cyclone sont convoqués. Jusqu'au vertige pour certains d'entre nous. Chaque représentation est redoublée ou répétée. Les dispositifs produisent leurs propres images, les sculptures du vent sont alignées en série sur leurs étagères. Ce qui se joue dans ses formes en apparence tautologiques concerne notre présence. Ici, l'acte de voir et l'écart entrent en jeu et le déroulement des temps de la vision aussi. Nous pouvons nous dire: "Ce que je vois est ce que je vois en train de se faire. Pas tout à fait, mais presque." Ou bien: "Cette sculpture est la même que la précédente et sa suivante. Pas tout à fait, mais presque." Et nous voilà engagés dans les doutes de nos propres perceptions. Nous sommes touchés en tant que personne avec notre mémoire et nos affects et aussi en tant que corps et stature dans l'espace de cette exposition à la seconde où nous nous exerçons à l'acte de voir. Et nous sentons bien que tout cela flotte et est indécis, et que les sculptures et les dispositifs en apparence si simples à décrypter nous regardent et questionnent notre présence et notre indécision.

Le monde est rond de Gertrude Stein commence ainsi: "En ce temps-là le monde était rond et on pouvait tourner tout autour en rond et en rond". Pauline nous permet de repenser à un monde qui tournerait rond ou presque. De le comparer à celui que nous vivons. De nous abandonner aux vertiges de ritournelles qui calment un peu nos peurs et d'en ressortir plus forts.

Jean-Pierre Castex, le 18 mai 2021

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